La fuite des cerveaux en Haïti. Résultats d’un sondage

Les cerveaux sont des piliers importants dans l’avancement d’une nation, porteurs d'innovation, de savoir-faire et de vision pour le progrès d’un pays. Leurs contributions dans divers domaines, tels que la médecine, la technologie, l'éducation et les affaires, sont essentielles à la croissance économique et au développement social. En Haïti, malgré leur enthousiasme et leur détermination à réussir dans leur pays d'origine, trop souvent ces esprits brillants sont contraints de quitter leur terre natale pour diverses raisons. Selon un sondage établi par ADDL, 93 % de différents acteurs de la société haïtienne, tels que des médecins, des étudiants et des hommes d'affaires, ont dû partir en raison de l'insécurité croissante. Comme l'a exprimé l'un des participants du sondage : « L'insécurité m'a poussé à quitter le pays, car peu importe à quel point je travaille dur, l'insécurité ne jouera pas en ma faveur ».

Beaucoup ont également quitté Haïti pour élargir leurs horizons et rechercher de nouvelles opportunités car leurs talents restaient inexploités faute de terrain propice à leur épanouissement. Les réponses recueillies lors du sondage ont révélé les différences entre leur ancienne vie et leur vie actuelle. Certains ont décrit leur nouvelle vie comme meilleure, plus sécurisée et moins stressante, tandis que d'autres ont exprimé des sentiments de dépression et de manque de bonheur malgré la sécurité retrouvée.

Le départ de ces professionnels et diplômés affecte profondément le tissu économique et social d'Haïti. Comme l'a souligné un médecin interrogé : « Oui, car j’aidais la population vulnérable ». Une étudiante ajoute : « Le pays a perdu un cerveau qui aurait pu contribuer à son émancipation, ma connaissance aurait pu attirer des investissements à long terme ». Un autre participant a ajouté : « Chaque personne qui choisit d'aller ailleurs représente une perte pour Haïti, une opportunité manquée pour le pays ».

Cependant, malgré leur départ, ces cerveaux haïtiens gardent un profond attachement à leur pays natal. Près de 77 % d'entre eux croient fermement qu'ils retourneront un jour pour contribuer à la reconstruction d'Haïti, témoignant ainsi de leur amour et de leur patriotisme inébranlables. Comme l'a exprimé un participant : « Malgré tout, Haïti est mon chez moi. Il n'y a que chez soi que l'on se sent réellement bien ». Ces paroles d'espoir reflètent la conviction que le changement ne peut venir que de l'intérieur, que chaque Haïtien, où qu'il soit, possède un rôle à jouer dans la reconstruction du pays.

Il est indéniable que les cerveaux haïtiens à l'étranger représentent une formidable potentialité pour le développement futur d'Haïti. Pour rétablir Haïti sur la voie du progrès, il est essentiel de créer un environnement propice à l'épanouissement de ces talents. Cela passe par la résolution des problèmes d'insécurité, la promotion de l'éducation de qualité, la création d'emplois bien rémunérés et l'encouragement de l'entrepreneuriat. La meilleure façon de lutter contre cette fuite des cerveaux n'est pas de les empêcher de partir, mais de créer un moyen pour qu'ils puissent rester.

En fin de compte, chacun de nous, où que nous soyons, possède un rôle à jouer dans la transformation d'Haïti. Malgré les défis et les difficultés, l'amour et le patriotisme des enfants d'Haïti pour leur pays demeurent intacts. Si nous avons pu obtenir notre indépendance en 1804 malgré tout, nous pouvons réaliser l'Haïti de nos rêves à nouveau. Nous tous, nous avons un rôle à jouer. Tout n’est pas fini...